Accéder au contenu principal

RDC : Trois partis, un mouvement

Jeudi 14 juin dernier, les trois grands partis de l'opposition Congolaise (UDPS, APARECO et ARP) ont lancé un appel en commun pour défier le régime de Joseph Kabila. Un évènement inédit, puisque jamais trois partis politiques ne s'étaient encore unis contre le pouvoir en place. Le geste est symbolique mais fort.

C'est dans un hôtel chic des Champs-Elysées à Paris que les trois partis politiques (chaque Président National de Parti était représenté) ont envoyé, devant un parterre de journalistes, un appel à « la résistance ». Dans une longue déclaration conjointe, les détails de cette initiative ont été expliqués, elle repose sur trois points.

Contestation des résultats des élections présidentielles et législatives du 28 novembre 2011

Il s'agit du principal facteur de la contestation, le dernier scrutin en date a donné lieu « à un véritable holdup électoral » selon l'alliance. Le président élu à l'issu du scrutin, Joseph Kabila, est ressorti vainqueur d'une élection au cours de laquelle ont été identifiées de multiples fraudes. Des fraudes constatées par plusieurs organismes comme : Les Nations-Unies ou encore l'Union Africaine. Cette situation « odieuse » doit être résolue « pour le peuple et par peuple ». Dans son appel le trident anti-Kabila préconise : « Un appel patriotique et solennel au peuple congolais de se mobiliser pour la défense de ses inaliénables droits fondamentaux [...] Faire Usage de l'article 64 de la constitution en vigueur qui lui confère le droit de recourir à tous les moyens lorsque ses droits fondamentaux sont violés [...] Nous invitons tous les Congolais où qu'ils se trouvent [... ] à exercer leur droit à la légitime défense, en vue de mettre un terme définitif au régime de l'imposteur « Joseph Kabila ». »

La situation des « provinces martyrs » de l'Est du pays

L'opposition, fatiguée par les nombreuses violences perpétuées par les milices de la rébellion de l'Est du pays, monte au créneau sur ce point. Décriant la mort et les viols de beaucoup de personnes souvent en bas-âge, dans les différentes provinces de l'Est de la République Démocratique du Congo, l'UDPS, l'APARECO et l'ARP tiennent conjointement à réitérer toute leur « solidarité aux populations meurtries » et s'engagent « à user de tous les moyens pour sauver la nation congolaise ». Dans leur déclaration commune, l'alliance tripartite tenait aussi à s'adresser à la communauté internationale en lui demandant « de cesser toute compromission avec la dictature en place et à apporter un soutien sincère au peuple congolais en désavouant et en sanctionnant les Etats et les réseaux maffieux »

L'annulation du Sommet de la Francophonie prévu en octobre 2012 en RDC

Troisième point essentiel de la conférence censée et qui va de pair avec les deux premiers, la tenue sur le sol Congolais du prochain Sommet de la francophonie prévu du 12 au 14 octobre prochain. Pour la coalition il va de soi qu'il faut que soit décidé « L'annulation ou la délocalisation du XIVème Sommet de la Francophonie prévu en RDC, en guise de désapprobation des violations massives de Droits de l'Homme en RDC. Le cas de La Baule en France en 1990 faisant jurisprudence en matière de délocalisation. »

De cet appel, il n'en ressort qu'un message symbolique pour l'instant. Les trois parties restent cependant assez optimistes quant à l'avenir de leur pays qui traverse une nouvelle mauvaise passe. Se prônant de la « résistance », ce cheval de bataille à triple tête n'hésite pas à comparer l'Etat de la République Démocratique du Congo à un pays occupé. Le ton employé à la lecture de l'appel était d'ailleurs chargé d'une vive amertume voir de violence. Laissant les quelques congolais (civil et non journaliste) présents dans la salle de conférence plutôt sceptique quant à la tournure prochaine des évènements.

Raphaël Delvolvé

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

À qui profite la parité fixe entre le franc cfa et l’euro ?

Quand il s’agit de répondre à cette question, deux écoles se distinguent. La première, minoritaire estime que la parité fixe est avantageuse pour les États de la zone CFA, avec notamment la maîtrise de l’inflation et la stabilité macroéconomique. Certains dissent meme que La volonté de rompre avec ce système relève de raisons plus politiques et symboliques qu’économiques, et qu’ on voit bien qu’aujourd’hui les grandes zones économiques, que ce soit en Asie ou ailleurs en Afrique, recherchent une stabilité de leur monnaie par rapport à celles de leurs principaux partenaires commerciaux. Reste que le bilan de plusieurs décennies de cette parité fixe n’est guère reluisant. La croissance, moteur du développement économique, est limitée (elle sera de 6 % pour l’Afrique de l’Est en 2010-2011, contre 4 % pour la zone CFA), et la grande majorité des pays concernés comptent parmi les plus pauvres du monde. D’où le deuxième courant, issu des milieux intellectuels et économiques africains, qui

portrait:Docteur Samia Shimi

Depuis quelques mois, le docteur Samia Shimi est  médecin généraliste, Ce lundi matin, elle me reçoit , pour une interview sur son métier. Avec le sourire, elle se prête aimablement au petit jeu des questions-réponses de af-media, et revient sur le parcours qu’elle a effectué jusqu’aujourd’hui.     af-media:Quel a été votre cursus scolaire, pour devenir médecin ? - J’ai d’abord obtenu un baccalauréat scientifique au maroc,  BAC D (spécialité Sciences Naturelles), puis je me suis orientée vers des études de médecine. Après huit ans, j’ai obtenu mon diplôme.  af-media:Comment se sont déroulées vos études ? - En plus des cours, nous devions effectuer, à partir de la quatrième année, des stages en milieu hospitalier. Tous les matins et pendant  des mois durant , nous étions donc en immersion dans le milieu professionnel. Les stages se déroulent par cycles de quatre mois et au bout de cette période, nous étions affectés à un autre service, afin de découvrir tous les secteurs de la profes

Amnesty international épingle le Cameroun

Amnesty International dénonce une fois de plus, dans un rapport publié ce jeudi 24 janvier, les violations des droits humains au Cameroun. Le jour même où Paul Biya effectue une visite en France... Le Cameroun avait fait un pas en avant en matière de droits humains, avec l'acquittement au début de janvier de deux jeunes gens accusés du délit d'homosexualité. Mais Amnesty International n'a pas été tendre avec le pouvoir de Paul Biya en publiant ce jeudi 24 janvier un nouveau rapport faisant état de graves violations des droits de l'homme. L'ONG a déploré, entre autres, des exécutions illégales, de mauvaises conditions carcérales, le musellement d'opposants et de journalistes ainsi que des attaques contres les homosexuels. À encroire les auteurs du rapport, le cas de Franky et Jonas, deux jeunes hommes de 23 et 22 ans - condamnés pour homosexualité en première instance puis acquittés en appel le 7 janvier au tribunal de Yaoundé -, semble l'exception plutôt que