Pendant que l’opposition Bamiléké, anglophone et Beti/Bulu brille par ses divisions, incapable de s’unir autour d’une stratégie commune, un bloc nordiste ressort de la liste actuelle des candidats aux élections d’Octobre, avec un seul candidat nordiste musulman, Garga Haman Adji. Les révélations de Wikileaks, selon lesquelles le tout puissant complice de Paul Biya, le ministre de la justice nordiste Amadou Ali déclara que le Nord ne soutiendra pas de candidat Beti, Bulu, Bamiléké ou anglophone en dehors de Paul Biya, tandis que le Minatd nordiste Marafat Hamidou Yaya, dans des révélations de même source se glorifiait d’avoir maintenu le Minatd dans le système d’organisations des élections, tout en inscrivant Tchadiens et Nigérians dans les listes électorales du Nord, montre que la France répétera au Cameroun le scénario de Côte d’Ivoire, avec pour objectif de détruire la machine militaire actuellement au pouvoir. Depuis quelques heures, les « élites sudistes » du Cameroun vivent dans l’inquiétude…
Ndzana seme.
BALTIMORE 09/06/2011 – Amertume et inquiétudes ont
caractérisé les milieux du pouvoir, surtout les « élites » militaires et
administratives Beti, Bulu, Bamiléké et Anglophones, à la suite de la
publication par Wikileaks des entretiens secrets entre l’ancienne Ambassadrice,
Janet Garvey, et les ministres d’Etat fulbé Marafat Hamidou Yaya et Amadou Ali.
Ceci vient après les révélations par le même Wikileaks
d’un entretien privé entre la même Ambassadrice américaine et Paul Biya, au
cours duquel le président camerounais déclarait qu’il s’occupait
personnellement de « l’opération épervier » et qu’il ne laisserait aucun
détourneur des fonds publics actuellement en prison libre, tant qu’ils ne
montrent pas de « remords » ( ?).
Le plus curieux c’est justement que cette « opération
épervier », que Paul Biya pilote avec son ami depuis le régime Ahidjo, baron de
son propre régime et ministre d’Etat de la justice, Amadou Ali, n’envoie en
prison essentiellement que les ressortissants des ethnies ou régions précises du
Cameroun, à savoir les Beti, les Bulu/Fang, les Bamiléké et les Anglophones, à
la rare exception de l’ancienne ministre de l’éducation de base originaire du
Nord, la nordiste Haman Adama.
L’autre constat en est aussi que les prétendus «
détourneurs des fonds publics en prison » sont essentiellement ceux qui
apparaissent comme une menace politique, tout comme l’ancien secrétaire général
de la présidence Titus Edzoa apparut en 1997 et fut vite jeté en prison, contre
Paul Biya et Amadou Ali.
Le bloc nordiste qui inquiète
Ce qui était amertume et inquiétudes s’est vite
transformé ces dernières heures en une panique devant le constat de ce que le
grand Nord du Cameroun n’a présenté qu’un seul candidat aux prochaines
élections du 9 Octobre 2011.
Dans les milieux militaires et administratifs Beti, Bulu,
Bamiléké et Anglophones, la déception est exprimée dans une variété d’opinions
personnelles. Mais il ressort globalement que Paul Biya a trahi ces groupes
ethniques et régionaux, en maintenant contre eux une vieille alliance avec le
Nord, à qui il entend rendre le pouvoir.
On n’en a pour preuve que les élections sénatoriales
promises par Paul Biya pour décembre 2010, que ce président avait vite oublié
d’organiser. Or, c’est le président du Sénat qui est constitutionnellement le
successeur du président de la république en cas d’empêchement.
Que Amadou Ali déclare aujourd’hui, sous menace de guerre
civile (lire l’entretien ci-dessous publié par Wikileaks), que le Nord
rejetterait tout candidat Beti, Bulu, Bamiléké ou anglophone, montre que le
Nord a fait bloc pour prendre le pouvoir après Paul Biya.
Du coup, nous nous souvenons que c’est après avoir
constitué un bloc des Nordistes que Ahmadou Ahidjo fut capable d’évincer André
Marie Mbida du poste de premier ministre colonial, de prendre sa place et de
devenir le premier président du Cameroun indédendant.
Pendant que Amadou Ali donnait ainsi les ultimatums selon
lesquels il faut un pouvoir nordiste après Paul Biya sinon il y aura chaos, le
ministre nordiste de l’administration territoriale et de la décentralisation
(Minatd), Marafat Hamidou Yaya, patron de la machine des fraudes électorales,
chante dans un autre entretien avec l’ambassadrice américaine sa victoire.
Il se félicitait en effet d’avoir obtenu, de complicité avec
Paul Biya, que le Minatd reste impliqué dans l’organisation des élections,
contrairement aux demandes de tous les acteurs intérieurs et extérieurs pour un
organe électoral qui soit indépendant de ce ministère.
Les fraudes seront les pinces qui tueront leur propre
crabe Biya
Une source digne de foi fait état de ce que depuis 2005,
des réunions des élites du Nord, et surtout l’inscription par le Minatd Marafat
Hamidou Yaya des Tchadiens et des Nigérians sur les listes électorales, avaient
irrité l’ancien premier ministre Inoni Ephraim.
De sorte qu’en 2007, avant la tenue les élections
législatives et communales, le PM Inoni déclencha ouvertement la dispute en
créant une « cellule de suivi des élections », sonnant ainsi ses désaccords
avec le Minatd Marafat au sujet des inscriptions sur les listes électorales et
l’implication personnelle de ce dernier dans le choix des candidats à la place
des partis politiques.
En clair, s’il y’aura des fraudes électorales le 9
Octobre prochain, il faut s’attendre qu’elles viennent essentiellement du Nord.
Souvenons-nous encore qu’en Octobre 1992, quand tous les
procès-verbaux des bureaux de vote montraient que Ni John Fru Ndi avait gagné
les présidentielles, tombèrent à la dernière minute des résultats fictifs du
Nord ayant basculé la victoire en faveur de Paul Biya.
Il se trouve maintenant que la personne qui donnera la
victoire au prochain président de la république du Cameroun est le nordiste
Marafat Hamidou Yaya.
Car, il faut bien noter que ceux qui continuent encore de
chanter qu’ils détiennent le « pouvoir Beti », ont un chiffre de population
électorale pratiquement insignifiant par rapport aux populations du Nord, que
Marafat Hamidou Yaya, Amadou Ali et les autres « élites » du Nord, autant de
l’opposition que du pouvoir, contrôlent et feront voter selon leur volonté
comme le berger fait paître son bétail dans la prairie de son choix.
Le candidat unique nordiste qui fait paniquer
Ces dernières heures nous ont en effet montré que, avant
la clôture des listes des candidats aux présidentielles, tous les candidats du
Nord se sont retirés à la dernière minute, afin de laisser un seul candidat, le
joker nordiste Garga Haman Adji dit le « chasseur des baleines ».
Bello Bouba Maigari de l’Undp, Dakole Daissala du Mdr et
d’autres leaders politiques du Nord se sont désistés, le premier optant tout
simplement de rejoindre les rangs du Rdpc de Paul Biya.
Ancien ministre chargé de la lutte contre la corruption
et le seul à avoir démissionné du gouvernement de Paul Biya, Garga Haman est
regardé avec respect dans toute la classe politique camerounaise, autant au
sein du pouvoir que de l’opposition.
Pendant longtemps il a « miséré », se trouvant souvent
incapable de payer en juillet 2010 son billet d’avion pour assister à la
Convention Camdiac de Washington, DC. Mais aujourd’hui, les caisses de la
campagne électorale de Garga Haman seraient miraculeusement pleines, parce que
toutes les « élites » du Nord, mais surtout Nicolas Sarkozy et Barack Obama,
soutiennent Garga Haman.
En 1984, Garga Haman fut arrêté, comme la plupart des «
élites nordistes », pour participation au putsch manqué du 6 avril 1984. Mais
il fut relâché, dans des circonstances peu claires.
Garga Haman est, avec Marafat Hamidou Yaya qui lui se
trouvait déjà dans le camion en direction du lieu d’exécution de Mbalmayo, l’un
des survivants du massacre des nordistes qui eut lieu au Cameroun en avril
1984, exécuté essentiellement par les militaires Beti, Bulu, Bamiléké et
anglophones.
Sarkozy répétera le scénario de Côte d’Ivoire
Rien d’étonnant donc, d’après les commentaires qui fusent
maintenant dans les salons des officiers des forces armées et des
fonctionnaires du Sud et de l’Ouest du Cameroun, que Sarkozy ait justement
choisi le Nord pour déstabiliser le régime de Paul Biya.
En clair, l’on constate que Sarkozy planifie d’exécuter
la même stratégie qui lui a réussi en Côte d’Ivoire ; le nordiste musulman
Garga Haman Adji devant jouer le même rôle que le nordiste musulman ivoirien
Alassane Dramane Ouattara.
Comme en Côte d’Ivoire, il se trouve que ceux qui
nourrissent une revanche de sang contre les « Sudistes » depuis 1984 sont
justement les Nordistes. Nicolas Sarkozy n’a pas trouvé mieux que les Nordistes
camerounais pour détruire le régime Biya, notamment son armée, au cas où Paul
Biya tenterait de lui résister.
Nous ne devons pas oublier que les Fulbé du Nord Cameroun
et les Haoussa du Nord Nigéria font partie de l’ancien empire du Sokoto. Cela
n’a pas changé malgré les frontières étatiques actuelles.
De même d’autres ethnies du Nord Cameroun, tels les
Toupouri, ont un ancien royaume qui se prolonge jusqu’au Tchad. Les activités
traditionnelles continuent de se dérouler malgré la frontière actuelle.
Il est même connu que ces ethnies des montagnes sont
essentiellement guerrières, leurs éléments brillant souvent dans les troupes
d’élite des forces armées du Tchad et du Cameroun.
Du coup, se demande-t-on au « Sud », Sarkozy va-t-il
réveiller le capitaine Guérandi Mbara, d’origine Toupouri, l’un des officiers
ayant participé au putsch du 6 avril 1984, et qui se trouve justement en exil
au Burkina Faso. Guérandi reste en effet l’ami de Blaise Compaoré, le complice
de Sarkozy et artisan de la déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Mènera-t-il la
direction des troupes nordistes soutenues par la « communauté internationale »
contre les « Sudistes » camerounais ?
Quand il faut y ajouter le fait que la France a une base
militaire très active au Tchad, celle-là même qui protège le régime d’Idriss
Deby contre les rebelles et qui avait pendant la crise ivoirienne expédié à
travers de Cameroun des dizaines de containers d’armes et d’équipements
militaires dits de l’ONU qui ont combattu l’armée de Laurent Gbagbo et exécuté
massacres et génocide, il faut s’attendre que Nicolas Sarkozy compte sur sa
base militaire de Ndjamena comme soutien aux éventuelles forces nordistes dans
la destruction du régime Beti-Bulu-Bami-Anglo de Paul Biya.
Sous la pression des Haoussa, le président Johnathan
Goodluck connu pour son soutien de Ouattara contre Gbagbo, n’hésitera pas
d’apporter son soutien à la « communauté internationale » pour détruire l’armée
et le pouvoir de Paul Biya. Le Nigéria donnerait alors une base aérienne pour
les opérations.
L’étincelle des résultats électoraux du Nord qui mettra
le feu aux poudres
Il en découle que ces inscriptions des Tchadiens et des
Nigérians par Marafat Hamidou Yaya, que l’ancien PM Inoni Ephraim dénonça
vigoureusement en son temps depuis 2005, au point d’essayer de les
court-circuiter avec la création au premier ministère d’une cellule de suivi
des élections, est l’étincelle qui pourra prochainement déclencher la bombe du
conflit électoral au Cameroun.
Car, lorsque que résultats du Nord seraient contestées
par le pouvoir Biya, la « communauté internationale » reconnaîtrait ces
résultats du Nord… On connaît la suite à partir de ce qui s’est passe en Côte
d’Ivoire.
La seule différence de taille avec la stratégie de Côte
d’Ivoire c’est que, non seulement Paul Biya n’est pas Gbagbo, qui lui reste
fidèle à son peuple alors que le président camerounais a passé tout son temps à
combattre l’ennemi « anglo-bami », le « lion de Mvomeka’a » fait certainement
partie et serait même le principal artisan du complot de passation du pouvoir
aux Nordistes.
En effet, c’est avec son complice inséparable du Nord,
Amadou Ali, que Paul Biya envoie à la pelle en prison tous ceux parmi les «
élites » Beti, Bulu, Bamiléké et anglophones qui osent émerger pour représenter
une menace politique contre lui. Car, lorsque Paul Biya ne maîtrise pas
complètement son nommé, ce dernier devient suspect, et Amadou Ali se charge de
le noyer avec des dossiers judiciaires souvent montés de toute pièce.
Quand Amadou Ali dit que le Nord ne soutiendra pas
d’autre candidat Beti, Bulu, Bami ou anglophone en dehors de Paul Biya, ce
complice nordiste de Paul Biya joue en fait la corde que Paul Biya veut
entendre, lui qui n’a jamais voulu régler sa succession.
Pendant que l’opposition Bamiléké, anglophone et
Beti/Bulu brille par ses divisions, incapable de s’unir autour d’une stratégie
unique, le bloc nordiste qui ressort de la liste actuelle des candidats montre
bien que Paul Biya, certainement en accord avec les Français, qui le
conseillent notamment lors de ses multiples « courtes visites privées » à
Genève, planifiait depuis longtemps et renverra l’ascenseur du pouvoir aux
nordistes.
En cas de contestation par le candidat du Nord, Garga
Haman Adji, des résultats de Yaoundé donnant Paul Biya gagnant des prochaines
élections, Biya sera disposé à se plier, contrairement à ce que fit Gbagbo, aux
résultats de Garga soutenus par la « communauté internationale », afin de
sauver sa tête en sortant de l’étau sécuritaire qui le rend actuellement
prisonnier.
Seulement, ce qui paraîtrait ainsi comme un dénouement
heureux, sans effusion de sang, ne serait que le début du calvaire des
officiers et soldats qui ont soutenu de régime Biya, désormais exposé aux
fougues revanchardes nordistes. Et c’est là que le chaos ne ferait que
commencer…
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