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Centrafrique-François Bozizé: A petits pas vers la longévité au pouvoir

Le chef de l'Etat sortant a été réélu président de la Centrafrique dès le premier tour avec 66,08% des suffrages selon les résultats provisoires de la Commission électorale indépendante (CEI). L'ex-président Ange Félix Patassé, renversé en 2003 par Bozizé et rentré depuis peu de son exil togolais, arrive quant à lui en seconde place avec 20,10% des voix.
Un scénario écrit d'avance après une campagne riche en polémiques, car lorsque ses opposants criaient à l'impréparation et à la fraude, le président sortant, serein, se gaussait de la faiblesse de leur cote, réunissant au seul profit de sa cause tous les ingrédients nécessaires à un raz de marée électoral.
La déferlante n'a pas eu lieu, mais l'enthousiasme reste tout de même en vigueur dans le camp présidentiel : ainsi, comme on pouvait s'y attendre en pareilles circonstances, le porte- parole du gouvernement a salué « la victoire de la démocratie pour quelqu'un qui a pris le pouvoir par un coup d'Etat et qui l'a légitimé par les urnes en 2005 ». Une légitimité que les résultats de cette présidentielle n'ont fait que confirmer, puisque, avec 66, 08% « seulement », diraient certains partisans des scores à la soviétique, François Bozizé s'adjuge un nouveau mandat.
Ni trop peu ni trop importante pour certains, alors que d'autres, comme l'ancien Premier ministre Martin Ziguélé, arrivé bon troisième avec 6,64%, considèrent, quant à eux, que la victoire tant vantée du président sortant s'apparente plutôt à un non-événement aussi grossier que ridicule.
Une opinion que partagent bon nombre d'opposants au régime, au nombre desquels les rebelles de la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), actifs dans le nord du pays. Tous rejettent les résultats du scrutin, entachés, selon eux, de nombreuses irrégularités et de fraudes massives. Et si Martin Ziguélé entend porter plainte et déposer un recours devant la Cour constitutionnelle, on ne voit pas comment, par extraordinaire, la haute juridiction pourrait invalider les scores publiés par la CEI.
La messe est donc dite, et François Bozizé n'attend plus que l'onction des juges pour entamer son second mandat à la tête d'un pays riche en matières premières, mais ruiné par des années de violence et d'instabilité politique. La rébellion du nord est toujours active et ne semble pas vouloir déposer les armes pour entrer dans le rang. C'est une épée de Damoclès qui pend sur le fragile équilibre, obtenu grâce au dialogue national amorcé en 2008 entre pouvoir, opposition et groupes rebelles. Rien n'est perdu, mais encore faudra-t-il que le président centrafricain s'attelle à renouer les fils du dialogue avec des opposants et des rebelles dont la confiance dans le régime s'est effritée au fil de la campagne.
Arrivé au pouvoir en 2003, l'ex-putschiste entame son second et, en principe, dernier mandat avec quelques inquiétudes. Mais, peut-être que, comme bien d'autres avant lui, François, le pacificateur de l'Oubangui- Chari postcolonial, n'entend-il pas en rester là, cherchant par quel artifice constitutionnel parvenir à s'éterniser au pouvoir ; et ce, malgré le vent du changement qui souffle depuis peu sur le continent. Mais ça, c'est une autre histoire.

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