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Cameroun-Message à la jeunesse: Paul Biya en direct de Genève


Le locataire du Palais de l’unité en sera à la quatrième édition de ce type de prestations. Il ne fallait pas le secours des oracles pour le subodorer: les usages en matière de «bref séjour privé» présidentiel en Europe ne laissaient déjà que peu de chances pour un retour de Paul Biya à Yaoundé avant le 11 février. A moins d’une improbable révolution dans les mœurs présidentielles. A scruter le ciel entre Yaoundé et Genève, les observateurs à la vigilance éprouvée ont commencé à percevoir nombre d’indices s’amonceler autour d’un impossible retour du chef de l’Etat au bercail. Même pas pour délivrer sur place le traditionnel «message à la jeunesse» le 10 février.

Des indications ? Dimanche 6 février 2011, des passagers tout à fait « spéciaux » ont été aperçus à l’aéroport international de Douala. Selon de fiables indiscrétions, ils devaient embarquer pour la Suisse, à bord d’un vol de la compagnie Swiss. Il s’agissait très vraisemblablement d’une délégation au sein de laquelle se trouvaient un technicien de son, un caméraman, un photographe et – indication plus précieuse encore- Michel Ndjock Abanda de la Division des reportages spéciaux de la Crtv, ainsi qu’un chargé de mission du Cabinet civil de la présidence de la République. Selon de crédibles indiscrétions, cette délégation qui était attendue à Genève lundi, en matinée, devait être suivie par une autre dont La Nouvelle Expression n’a pu obtenir les détails du casting. L’objectif de ces équipées est en tout cas clair : ramener à Yaoundé le message enregistré du président de la République à la jeunesse, qui sera diffusé jeudi 10 février au soir. Il est probable que les dispositions soient prises dans ce sens, à l’Hôtel Intercontinental – où le chef de l’Etat camerounais a ses habitudes - avec ce qu’elles suggèrent d’aménagements de circonstance pour préserver les contours d’un rituel républicain…

Si, comme tous les paramètres tendent à l’indiquer, le président de la République devait s’adresser à ses jeunes compatriotes dans un dispositif conjoncturel aménagé hors des frontières nationales, il en serait alors à la quatrième occurrence de ce type d’exercice.

En 2002, le chef de l’Etat avait dû faire enregistrer son message à sa résidence de Neuilly, une banlieue chic de Paris, en France. Détail croustillant : cette année là, les Lions indomptables remportaient leur deuxième finale consécutive face aux Lions de la Teranga, en coupe d’Afrique des nations. Rappel intéressant aussi : par la même occasion, Paul Biya faisait plus qu’annoncer ce qui, des années plus tard, allait être le Palais des sports de Yaoundé, dont on sait qu’il est l’un des fleurons de la coopération sino-camerounaise.

Mais l’exploration des archives peut se révéler plus riche encore. En février 1998, le message du président de la République avait été enregistré depuis l’Hôtel Intercontinental de Genève, avant sa diffusion sur les antennes des médias d’Etat. Au demeurant, l’année 1998 aura été emblématique des contraintes que la conjoncture peut imposer à cet exercice. Pas seulement parce que les Lions indomptables livraient alors le match d’ouverture de la coupe d’Afrique des nations au Burkina Faso, contre la pays hôte (match qui se solda d’ailleurs par une victoire du Cameroun par un but à zéro). Mais aussi, parce que, récemment réélu à la tête de l’Etat, en octobre 1997, Paul Biya devait par la suite faire face à la rumeur aussi insistante que malveillante d’un malaise qui avait fleuri à la faveur de la finale de la coupe du Cameroun. Une partie de l’opinion guettait alors les faits et gestes du chef de l’Etat ; lequel semblait n’en avoir cure. Jusqu’à ce qu’un reportage – dont on cherche encore des années plus tard à dévoiler la part d’improvisation et le poids de la scénographie élaborée - vînt montrer un chef de l’Etat bien portant. Effet garanti. Une signature de Charles Ndongo, alors chef de la Brigade des reportages spéciaux.

Pour autant, un certain ennui de santé conjoncturel du président ne fit pas plus de vagues quelques années plus tôt, ni sur les rives du Mfoundi, ni même sur les bords du lac Leman. 1987. Paul Biya dût priver ses jeunes compatriotes de son image et de sa voix. Allé à Genève pour un « repos », le président de la République fut victime d’un « refroidissement ». Une prestation radiotélévisée fut donc rendue impossible. Les Camerounais durent se contenter d’un discours présidentiel lu sur les antennes des médias d’Etat. Avant que le locataire d’Etoudi ne gratifiât ses compatriotes de la toute la première grande interview télévisée depuis son accession à la magistrature suprême. Il fut interrogé par Eric Chinje…

Comment, au vu de situations aussi disparates par le contexte dont ils se soutiennent, se hasarder à quelque conclusion pour l’édition 2011, de ces messages présidentiels enregistrés  ou rédigés  hors du Cameroun ?

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