C'est curieux ce qui s'observe dans la crise post-électorale en Côte d'Ivoire. Dans le but de résoudre cette crise, le camp Ouattara, soutenu par Nicolas Sarkozy de la France, Blaise Compaoré du Burkina Faso et Abdoulaye Wade du Sénégal, veut la guerre. Rien que la guerre. Alassane Dramane Ouattara, conformément au voeu de ses parrains, a fermé ses oreilles à toute rhétorique sur les vertus de la paix.
Une posture bien étrange pour quelqu'un qui prétend s'être abreuvé à la source de l'ex-président Félix Houphouët-Boigny. Baptisé apôtre de la paix par ses disciples. Dont se réclame, à grand bruit, le candidat du Rdr.
De même, l'on comprend mal l'obstination de Nicolas Sarkozy à faire la guerre, lui qui est de la France, pays de liberté, promotrice du respect de la personn e humaine.
C'est vraiment bizarre que pour un simple contentieux électoral l'on veuille créer un conflit gigantesque à même de détruire toute la région ouest africaine. Là où les civilisations occidentales et toutes les autres se réclamant de la démocratie, nous ont appris qu'il suffit de procéder au recomptage des bulletins de vote ou de se soumettre à la proclamation de la Cour suprême ou du Conseil constitutionnel (c'est selon).
En fait, l'attitude du camp Ouattara peut se comprendre à l'aune d'une seule réalité. Il veut le départ de Laurent Gbagbo. Un point, c'est tout. Le contentieux qu'il a créé de toutes pièces, est un prétexte. Il fallait avoir sa peau par un jeu électoral biaisé.
Cela n'a pas marché. Alors il a repris son jeu favori : la violence par les armes. Afin de jouir, enfin, comme bon lui semble, des richesses de la Côte d'Ivoire. Dans cette logique, la manifestation de la vérité sur l'élection du 28 novembre 2010 ne l'intéresse pas.
Ouattara, Sarkozy et Wade se foutent royalement que Laurent Gbagbo ait réellement gagné le scrutin. Il faut qu'il parte. Et c'est la guerre qui, dans leur entendement, peut faire lâcher du lest à ce leader charismatique, pétillant d'intelligence politique, jamais pris à défaut dans une négociation.
En effet, Nicolas Sarkozy et son poulain Alassane Dramane Ouattara ont fait un constat : jamais l'on n'a pu berner (comme ils l'ont toujours souhaité) Laurent Gbagbo à l'issue d'une négociation. Il est d'une grande pertinence pendant les discussions ; il cède tout sans pour autant brader la souveraineté de son pays et sans affaiblir son prestige.
On se souvient des accords de Linas- Marcoussis (15 au 26 janvier 2003) puis de la conférence de Kleber (France) initiés après l'irruption de la rébellion armée en Côte d'Ivoire en septembre 2002.
Ces accords, on le sait désormais, étaient censés liquider Laurent Gbagbo et son pouvoir. Et pourtant Gbagbo avait été élu démocratiquement en octobre 2000 ; reconnu comme tel par la Commission électorale et la Coursuprême d'alors. Malgré tout, le président français Jacques Chirac, prédécesseur de Nicolas Sarkozy, voulait déjà en finir avec lui.
Son gouvernement, conformément à ces accords, a accueilli des rebelles sans formation, sans éthique. En somme, sans foi ni loi. On lui a également imposé un Premier ministre (Seydou Elimane Diarra) à qui on avait l'intention de transférer les pouvoirs du président de la République.
Et qui devait être nommé selon la France de manière irrévocable jusqu'aux prochaines élections. En violation flagrante de la Constitution ivoirienne. Par une application intelligente de la Constitution, le chef de l'Etat ivoirien a pu déjouer les pièges de la cohabitation Seydou Diarra et s'imposer aux rebelles de son gouvernement.
De plus, à Pretoria, en Afrique du Sud, les accords ont permis l'éligibilité d'Alassane Dramane Ouattara à la prochaine élection présidentielle de façon exceptionnelle (en vertu de l'article 48 de la Constitution) et la mise sur pied d'une Commission électorale indépendante au sein de laquelle les rebelles et leurs alliés, dont Ouattara, seront archi majoritaires.
Mais Laurent Gbagbo a eu le contrepoids du grand pouvoir de décision cédé aux rebelles. Il a quelque fois usé de cet article 48 pour mettre fin aux excès de la rébellion. Surtout quand l'ex-président de la Cei, Beugré Mambé, a tenté d'introduire sur le fichier électoral 429.000 pétitionnaires de façon frauduleuse.
Nous avons également les accords politiques de Ouaga (Apo), conclus en mars 2007 entre le président Laurent Gbagbo et le chef visible de la rébellion (à l'époque).
Blaise Compaoré et Guillaume Soro ont créé toutes les conditions afin que Laurent Gbagbo perde le pouvoir à travers ces accords. Ils lui ont fait appliquer des mesures, parfois inimaginables, contenu dans l'accord.
En retour, ils n'ont rien fait pour que les rebelles désarment. Comme cela est stipulé dans l'Apo. Et cela, avec dans l'idée, comme cela a été constaté lors des élections du 31 octobre et du 28 novembre 2010, d'intimider, brutaliser et tuer l'électorat de Gbagbo. Et de réussir un parfait hold-up électoral lors de l'élection présidentielle. Compaoré et Soro ont manoeuvré. Mais Laurent Gbagbo a gagné les élections au grand dam du camp Ouattara.
Les soutiens d'Alassane Dramane Ouattara ont donc une peur bleue des négociations. Parce que depuis huit ans, ils n'ont pas pu berner Laurent Gbagbo à travers des accords politiques biaisés, faits très souvent en faveur de son opposition.
Le président Gbagbo a su préserver les intérêts de son peuple. Malgré la volonté de la France de lui arracher le pouvoir en suscitant la nomination de Premier ministre (hostile) et en faisant obstacle au désarmement des rebelles.En violation de tous les accords. (Marcoussis, Accra, Pretoria, Ouaga). Afin qu'ils servent de force de pression. Ils ont échoué. Alassane Ouattara et Nicolas Sarkozy sont assurés de perdre la face dans le contentieux électoral du 28 novembre 2010. Une énième fois.
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