Depuis quelques années, on assiste à une véritable ruée sur le pétrole africain avec d’importantes découvertes et la mise en production de nouveaux gisements. Entre 1990 et 2004, la production du continent africain a augmenté de 40 %, passant de 7 à 10 millions de barils/jour et elle devrait encore augmenter de 50 % d’ici 2011. Cette ruée s’explique en grande partie par un souci de diversification des sources d’approvisionnement de la part de la communauté pétrolière internationale. Les États-Unis en particulier, premiers importateurs mondiaux de pétrole brut, font face à une diminution de leur production nationale et à une augmentation préoccupante de leur dépendance vis-à-vis du pétrole importé, notamment du Moyen-Orient. Le pétrole africain contribue à la recherche d’une plus grande diversification des approvisionnements et, comme il est léger et peu soufré, il correspond bien aux besoins américains en carburants. En outre, les progrès remarquables réalisés dans l’exploration et la production en off-shore profond et ultra-profond ont amplifié considérablement le potentiel pétrolier africain. La production pétrolière africaine est devenue hautement stratégique.
La réalité énergétique africaine est bien éloignée de cette flambée de la production pétrolière. Peuplé de 913 millions, soit 14 % de la population mondiale, le continent africain assure 11 % de la production pétrolière mondiale mais ne compte que pour 3 % de la consommation mondiale d’énergie. Si l’on enlève à l’ensemble africain les cinq grands pays d’Afrique du Nord – du Maroc à l’Égypte – et l’Afrique du Sud, la situation est encore davantage déséquilibrée : la consommation d’énergie par habitant est de l’ordre de 0,5 tonne d’équivalent pétrole par an à comparer à 4 tonnes en Europe occidentale et 8 tonnes aux États-Unis. Pour cette partie de l’Afrique, une source d’énergie importante est la biomasse, commerciale et non commerciale, avec les conséquences négatives liées à la collecte du bois de feu qui prend du temps, contribue à la déforestation et provoque de graves problèmes de santé liés à l’inhalation des fumées. Ainsi, la plus grande partie de la population n’a pas accès aux sources modernes d’énergie : kérosène, butane et électricité, donc pas accès au développement économique. En Afrique sub-saharienne, le taux d’électrification stagne entre 5 et 35 %.
En ce qui concerne le pétrole, l’Afrique est divisée entre les pays qui en exportent et ceux qui en importent. Pour les premiers, le pétrole génère des ressources financières considérables qui n’entraînent pas pour autant le développement économique, confirmant ainsi le phénomène économique bien connu de « la malédiction pétrolière ». Quant aux seconds, les dépenses d’importations très lourdes auxquelles ils doivent faire face et leur vulnérabilité face à la volatilité des prix pèsent durement sur leur croissance économique et leurs finances publiques. Selon les calculs de la Banque mondiale, une augmentation durable de dix dollars du prix du pétrole entraînerait une augmentation de plus de 15 % du PIB pour les grands pays exportateurs d’Afrique et une diminution de plus de 4 % pour les pays importateurs les plus pauvres.
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