Le président
Alpha Condé s’est adressé ce mardi à ses compatriotes pour apaiser la tension
après l’attaque menée par un commando contre sa résidence à Conakry. Pour le
moment les assaillants n’ont pas été identifiés. La France a fermement condamné
cet acte.
Tentative de putsch contre
Alpha Condé ? Le chef d’Etat guinéen a appelé « au calme et à la
vigilance », lors d’un discours diffusé ce mardi à la radio télévision
publique (RTG), quelques heures après l’attaque à l’arme lourde menée par des
militaires contre sa résidence privée dans le quartier de Kipé à Conakry. Elle
aurait été touchée par une roquette. Un soldat de la garde nationale a été tué
et trois autres blessés. « Ma maison a été attaquée cette nuit, mais je
dois féliciter la garde présidentielle qui s’est battue héroïquement de 3h10
(locales et GMT) jusqu’à 5h du matin avant d’avoir du renfort », a déclaré
Alpha Condé. « Je ne veux pas de réaction populaire, ni de réaction contre
qui que ce soit, laissez l’armée et les forces de l’ordre faire leur
travail », a-t-il affirmé.
Le président guinéen a estimé
que ces « ennemis » ne pourraient « pas empêcher la marche du
peuple vers la démocratie ». Selon lui, « la voie de la démocratie a
commencé et cela va continuer. Je vous ai promis le changement et, si Dieu le
veut, nous aurons ce changement ». Selon François Fall,
ministre-secrétaire général de la présidence, « il est encore trop tôt
pour savoir qui sont les assaillants ». « Le président Condé est
indemne et se trouve actuellement dans un endroit sûr », a-t-il confirmé.
La France a fermement condamné
cette attaque et a appelé les forces armées comme les autres composantes de la
société guinéenne à demeurer au service de la démocratie, a déclaré le
porte-parole du ministère des Affaires étrangères Bernard Valero. « La
Guinée doit poursuivre dans la voie pacifique et démocratique qu’elle a choisie
lors des dernières élections présidentielles », a-t-il ajouté. Il a estimé
que « par le passé, les Guinéens ont trop souffert de la violence,
celle-ci n’a plus sa place dans l’avenir démocratique que ce pays est en train
de bâtir ». De son côté, le leader de l’opposition guinéenne, Cellou
Dallein Diallo, chef du parti de l’Union des forces démocratiques de Guinée
(UFDG), a également condamné cette attaque lors d’un entretien accordé à RFI.
Le candidat malheureux au second tour de la présidentielle séjourne
actuellement au Sénégal.
Un pays
marqué par les Coups d’Etats
Ce type d’attaque contre un
président n’est pas une première en Guinée, pays marqué par plusieurs coups
d’états militaires. Le dernier en date, qui a hissé le capitaine Moussa Dadis
Camara au pouvoir, remonte en décembre 2008, après la mort du dirigeant Lansana
Conté. En septembre 2009, au moins 150 personnes ont ete tuées dans le
principal stade du pays à Conakry lors d’une manifestation contre le régime de
Dadis Camara. Les forces de sécurité présidentielle avaient notamment ouvert le
feu contre la foule. Dadis Camara a été renversé à son tour un an plus tard,
après avoir été grièvement blessé à la tête par son aide de camp, qui lui a
tiré dessus. Il vit désormais en exil au Burkina Faso. Le régime de transition,
dirigé par le Général Sékouba Konaté, a ensuite conduit les Guinéens à
l’élection présidentielle de décembre 2010, remportée par Alpha Condé.
Ce dernier doit désormais
faire face à un regain de tension sept mois après son accession à la tête du
pays. Il avait notamment été pointé du doigt suite à l’interpellation à Conakry
le 2 juillet dernier du colonel Moussa Keita, ancien secrétaire permanent du
Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), la junte
militaire dirigée par Moussa Dadis Camara . Il a été arrêté suite à ses
déclarations à la presse où il accusait le général Sékouba Konaté d’avoir
détourné plus de 20 millions de dollars. La Coordination des organisations de
défense des droits humains (CODDH) exige toujours sa libération. Selon elle, il
est détenu « dans un lieu tenu secret et inaccessible à sa famille ».
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