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Libye: Kadhafi menace le peuple

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, confronté à une révolte populaire sans précédent depuis une semaine, a juré mardi de rétablir l'ordre en brandissant la menace d'une répression sanglante, alors que les violences ont déjà fait au moins 300 morts. 
Promettant de se battre "jusqu'à la dernière goutte" de son sang, il a appelé la police et l'armée à reprendre la situation en main et assuré que tout manifestant armé méritait la "peine de mort". 
"Rendez vos armes immédiatement, sinon il y aura des boucheries", a-t-il lancé dans un discours  télévisé enflammé de plus d'une heure. Drapé dans une tunique marron, il s'exprimait devant sa maison bombardée en avril 1986 par les Américains et laissée depuis en l'état.
Son ministre de l'Intérieur, Abdel Fatah Younes, a cependant déclaré qu'il se ralliait à la "révolution", selon des images diffusées mardi soir par Al-Jazira.
 "J'appelle toutes les forces armées à répondre aussi aux demandes du peuple en solidarité avec la révolution", a ajouté le ministre vêtu d'un uniforme militaire sur des images diffusées par la chaîne. De hauts responsables libyens, ministres, diplomates ou militaires ont déjà fait défection pour marquer leur opposition à la répression.
Selon des chiffres diffusés dans la soirée par un porte-parole du ministère de l'Intérieur, qui n'a pas fait de commentaire sur la situation de son ministre, les violences ont déjà fait 300 morts (189 civils et 111 militaires).
La plupart des victimes ont été recensées à Benghazi (104 civils et 10 militaires), deuxième ville du pays à 1.000 km à l'est de Tripoli et foyer de l'insurrection, Al-Baïda (18 civils et 63 militaires) et Derna (29 civils et 36 militaires).
"Nous n'avons pas encore fait usage de la force, mais si la situation requiert le recours à la force, nous y recourrons", a pourtant assuré Mouammar Kadhafi dans son discours.
"Tous les jeunes doivent créer demain les comités de défense de la révolution: ils protègeront les routes, les ponts, les aéroports", a-t-il dit, en appelant ses partisans à manifester à partir de mercredi.
"Aucun fou ne pourra couper notre pays en morceaux", a ajouté le colonel, au pouvoir depuis plus de 40 ans, menaçant de "purger (le pays) maison par maison".
Les violences meurtrières, d'abord concentrées à l'Est, ont touché la capitale dimanche soir, alors que le calme était revenu à Benghazi lundi soir, selon des témoins. D'après l'organisation Human Rights Watch (HRW), la répression a déjà fait "au moins 62" morts à Tripoli depuis dimanche.
"Les milices, les forces de sécurité fidèles à Kadhafi sévissent de façon terrible, cassent les portes, pillent (...). Il est impossible de retirer les corps dans les rues, on se fait tirer dessus", a expliqué la présidente de la Fédération internationale des ligues de droits de l'Homme (FIDH), Souhayr Belhassen.
Des Tunisiens ayant fui le pays ont raconté des nuits de terreur à Tripoli, les hommes de Kadhafi et des mercenaires tirant dans tous les sens, arrêtant, braquant, violant.
Dans la capitale, beaucoup d'étrangers restaient confinés chez eux. L'aéroport était bondé, et de nombreux pays ont annoncé mardi l'envoi d'avions ou de navires pour évacuer des ressortissants.
Réuni en urgence, le Conseil de sécurité de l'ONU a demandé "la fin immédiate" des violences en Libye et condamné la répression des manifestants engagée par le régime du colonel Mouammar Kadhafi.
La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a parlé d'un "bain de sang totalement inacceptable" et plusieurs élus du Congrès des Etats-Unis ont demandé des sanctions contre le régime libyen.
La Ligue arabe a annoncé que la participation de la Libye à ses réunions était suspendue "jusqu'à ce que les autorités libyennes acceptent les revendications" du peuple libyen "et assurent sa sécurité".
Les Européens étaient divisés sur d'éventuelles sanctions, certains pays redoutant un retour de bâton contre leurs ressortissants sur place ou une ouverture des vannes de l'immigration. Rome craint ainsi de voir affluer entre 200 à 300.000 migrants si la Libye cesse de bloquer les départs.
En Amérique latine, le Pérou est devenu le premier pays à rompre ses relations diplomatiques avec la Libye pour protester contre la répression, tandis que le Nicaragua et Cuba prenaient leurs distances avec cette vague de condamnations internationale.
La haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Navi Pillay a exigé l'ouverture d'une "enquête internationale indépendante" sur les violences, évoquant la possibilité de "crimes contre l'humanité".
Sur le plan économique, l'escalade meurtrière en Libye, important producteur mondial d'or noir, a fait trembler les Bourses mondiales et flamber les cours du pétrole.
L'Opep s'est dit prête à augmenter sa production en cas de besoin, tout en assurant que le marché restait largement approvisionné. En revanche, le seul gazoduc reliant la Libye à l'Italie et à l'Europe a été coupé mardi.



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