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France-double face

Au sommet des Chefs d’Etat africains qui s’est tenu à Addis-Abeba, en Ethiopie, les 30 et 31 janvier 2011, et où s’est fait inviter le président français, M. Nicolas Sarkozy, beaucoup de choses s’y sont passées et dites.
Le voyage du président français dans la capitale de l’Afrique, Addis-Abeba, qui abrite les institutions de l’Union Africaine (UA), n’était pas pour une villégiature. Dans son programme, le dossier de la crise de la Côte d’Ivoire, très probablement ouverte par la France il y a dix ans déjà. Il n’y est pas allé dans l’intention de trouver une ou des solutions de paix, mais bien plus pour convaincre les « moutons » et les « affranchis » de la Françafrique afin que ces derniers obéissent au doigt et à l’œil à ses injonctions et autres ultimatums.
Le président Sarkozy aurait certainement réussi son opération de « lavage de cerveau » si, dès le départ, il n’avait pas commencé par tonner, par rugir comme un lion en cage. Dès lors, même ceux qui abondaient dans le même sens que lui étaient obligés de se poser des questions et, en fin, de se rétracter, car ils ont compris qu’ils ont failli se faire berner par la France. Ils ont compris tout de suite que l’affaire de la Côte d’Ivoire n’était plus une affaire de malentendu électoral, mais bien une affaire personnelle entre la France (Sarkozy) et Laurent Gbagbo. Ils ont donc compris que le président Sarkozy voudrait se servir d’eux pour régler ses comptes à Laurent Gbagbo, de la même manière qu’il a manipulé Barak Obama via son ambassadeur en Côte d’Ivoire et CHOÏ, le Coréen qui est allé chercher l’homme de Ouattara à la CEI pour donner tout de suite les résultats provisoires, nous disons bien provisoires, mais que les putschistes qui se cachent derrière le panneau « Communauté internationale » ont très vite transformés en « RESULTATS DEFINITIFS », foulant aux pieds le Conseil Constitutionnel, la plus haute institution du pays.
Pour mieux discréditer nos institutions, la France a vite fait de répandre la rumeur selon laquelle cette institution était acquise et aux ordres de Laurent Gbagbo.
Et en France, au jour d’aujourd’hui, les deux chambres du parlement (Sénat et Assemblée nationale) ne sont-elles pas sous le contrôle de la Droite ? Dirons-nous que toutes les décisions, toutes les lois qui émanent de ces deux chambres du parlement français sont teintées de magouilles ou frappées de nullité parce que sous le contrôle et aux ordres du président la République, M. Sarkozy ?
Alors, que disent la France et le Président Sarkozy de cette fameuse CEI dont la majorité est détenue par les proches du tandem Ouattara/Soro, les deux seigneurs de guerre-guerre ?
Aujoud’hui, le ton du discours a changé. Il est devenu mielleux dans l’espoir d’attraper plus de mouches. Mais un proverbe congolais dit : « Le sac d’un idiot, on ne le fouille qu’une seule fois ». Pour ce faire, voici quelques extraits de la potion somnifère du président français pour cette opération de charme, pour mieux les endormir. Manière de vouloir leur montrer qu’il y est allé en ami et qu’il les respecte :
 « Je suis convaincu depuis bien longtemps que l’Afrique n’a pas la place qui lui revient dans les gouvernances internationales. Alors, puisque le président de l’« Assemblée générale des Nations unies » est ici (siège de la Commission économique africaine, Addis-Abeba. Ndlr) et que le Secrétaire général des Nations unies est ici, je leur dis : faites la réforme du Conseil de sécurité dès cette année. N’attendez pas. La France vous soutiendra.
« Prenez des décisions. Elargissez le nombre des membres du Conseil de sécurité Reconnaissez aux milliards d’Africains la place à laquelle ils ont droit et la France vous soutiendra. Cela fait trente ans qu’on parle de la réforme, je vous propose qu’on la fasse en cette année 2011.
« Les éléments sont sur la table, on sait qu’il faut augmenter le nombre des membres du Conseil de sécurité sans passer par une réforme intérimaire. Ne créons pas un groupe de travail. Cessons les débats et réalisons la promesse pour associer l’Afrique, le continent latino américain et d’autres partenaires à ce Conseil de sécurité.
« si le Conseil de sécurité représente le monde dans sa diversité, alors il n’y aura besoin d’autres organisations. Et si d’autres organisation ont été créées, c’est parce qu’on n’arrivait pas à débloquer la réforme du Conseil de sécurité.
« La France respecte la souveraineté des Etats et le droit des peuples à se déterminer eux-mêmes. Elle ne veut ni donner de leçon, ni chercher à imposer un modèle. Au nom de quoi le pourrait-elle ? (…) Mais, chaque Etat se doit de respecter les valeurs comme celles contenues dans la Charte des « Nations unies » et l’Acte constitutif de l’« Union africaine ».
 « Tous les hommes, tous les peuples, y aspirent. De cette aspiration, nul, dans le monde où nous vivons, ne peut se tenir à l’écart… Dans le monde d’aujourd’hui, on ne peut plus gouverner comme dans celui d’hier ». ]
Il a par ailleurs félicité les dirigeants africains pour le combat qu’ils mènent pour la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l’homme. « Ce sont des aspirations profondes de chacun de nos peuples, comme nous le rappellent avec force, les événements de Tunisie et d’Egypte », a-t-il souligné.
Seulement voilà ! Si la France respecte la souveraineté des Etats et le droit des peuples à se déterminer eux-mêmes, comment explique-t-il la situation qu’il a créée au Gabon ? De qui se moque-t-il ?
S’il y avait bonne gouvernance en Afrique, surtout dans le pré carré françafricain, pourquoi y a-t-il aujourd’hui des mouvements de révolte ? La Tunisie n’était-elle pas sous protection française ? La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, n’a-t-elle pas proposé son intervention militaire à Ben Ali avant de se rétracter ? A croire que le savoir-faire de la France, c’est la violence !
Ceci dit, ce que le président Sarkozy ne sait sans doute pas, c’est que l’homme africain, même s’il n’est pas assez rentré dans l’histoire, regarde aujourd’hui tout Africain soutenu, défendu et protégé par la France comme un « RIPOUX ». Alors il se demande qu’a-t-il bien pu se passer pour que cet homme, et lui seul, soit sous la protection de la France et bénéficie de son soutien, alors qu’il y en a bien d’autres ? Qu’a-t-il promis à la France ? Quels documents, quels accords secrets a-t-il signés en faveur de la France ? Qu’a-t-il hypothéqué ou bradé pour le « fauteuil » présidentiel ?
Voilà la série de questions que se pose l’homme africain sur chacun des siens qui tombe sous le contrôle de l’occident en général et surtout de la France, en particulier.
Revenons au somnifère administré par la France aux chefs d’Etat africains au sommet d’Addis-Abeba, les 30 et 31 janvier 2011.
C’est dans les habitudes de la France de tenir de tels discours-somnifères pour distraire, charmer et mieux manipuler, plutôt mieux endormir les « chefs d’Etat » africains qu’elle prend pour ses « Préfets ».
 Souvenons-nous du double visage, du double discours de la France dans la crise de Brazzaville.
D’abord la provocation. En voyage officiel en Afrique de l'Ouest, le président Jacques Chirac, encore Maire de Paris, tient les propos suivants : « […] La démocratie est un luxe pour les Africains ».
Ensuite, en Afrique Centrale, précisément en 1996, à Brazzaville (Congo), il nous fait l'honneur d'une déclaration somnifère dont voici l'extrait :
« […] L'élection tend désormais à devenir un mode normal de dévolution du pouvoir en Afrique. Il faut en finir avec les coups de force ou d'Etat, les putschs, les juntes, les pronunciamientos et toutes les manifestations de transition violentes. Ces événements d'un autre âge sont, pour chacun de nous, une humiliation. Pour les peuples, ils sont un retour en arrière. Pour le monde, ils sont une déception et l'alibi trop commode des désengagements. »

1)Deux ans plus tard, l'homme tient, à Luanda (Angola), un autre discours pour encenser ce qu'il condamnait et qualifiait à Brazzaville de « Ces événements d'un autre âge... ». En voici la teneur :
 « Je me réjouis de l'intervention de l'Angola au Congo-Brazzaville pour la raison simple que ce pays était en train de s'effondrer dans la guerre civile, de s'autodétruire, et qu'il était souhaitable que l'ordre revienne. Il y avait quelqu'un qui était capable de le faire revenir, c'était Denis Sassou Nguesso. Il lui fallait un soutien extérieur pour un certain nombre de raisons, l'Angola le lui a apporté. La paix est revenue, les conditions de développement reprennent. Cette ville de Brazza, qui était devenue martyre commence à se relever et Denis Sassou Nguesso s'est engagé à mettre en œuvre le processus de démocratisation dans un délai maximum de deux ans. »
2)Et il y eut le 5 juin 1997. Ensuite est arrivé le 15 octobre 1997 : La victoire et le retour au pouvoir d'un homme, qui n’a jamais été élu au suffrage universel, que le monde entier reconnaît comme étant le plus grand perturbateur et fossoyeur de la paix et de la stabilité politique en République du Congo-Brazzaville ; en tout l’un des plus grands criminels d’Afrique, s’il n’est le plus grand criminel d’Afrique.
Mais l’homme est un protégé de Paris (UMP), de Total et de la GLNF. N’a-t-il pas substitué son parti unique, le Parti congolais du travail (PCT), en loge maçonnique dont il est aussi le Grand Maître ? Or la maison-mère de sa loge maçonnique est celle de tous les scandales en France et qui défraie la chronique. C’est l’obédience coloniale, l’obédience des affaires, des magouilles, des trafics, etc.
Curieusement, la quasi-totalité des chefs d’Etat africains sont adeptes de cette obédience maçonnique. C’est l’obédience qui compte le plus de criminels, de kleptocrates, de dictateurs. Et difficiles de les exclure ou de les sanctionner, tellement ils rapportent de millions et de milliards dans les caisses de la GLNF !
Mais l’homme Sassou n’a pas encore rendu à leurs familles les corps de tous les disparus :
-        la dépouille de feu Joseph Pouabou, en 1965 ;
-        la dépouille de feu président Massamba-Débat, en 1977 ;
-        les restes des corps des 500 disparus du Beach, en 1999, sans compter les nombreux charniers à travers tout le pays depuis qu’il est au pouvoir sous feu président Marien Ngouabi (assassiné par lui), sous Yhombi-Opango et sous ses propres mandats présidentiels. La liste n’est pas exhaustive.
Il a, à son actif, plus de 100 000 morts au Congo-Brazzaville. La France aime les criminels. Elle vit et se nourrit d’eux.
Alors, pour les pays comme le Congo-Brazzaville, la Côte d’Ivoire et le Gabon, voire le Cameroun, la Centrafrique, le Tchad, etc., il faut, à la France, de tels individus pour survivre économiquement et financièrement, mais aussi pour faire le plein des voix à l’Assemblée générale de l’ONU.
En conclusion, disons que la pire des humiliations qu'on puisse faire subir à une nation indépendante et souveraine, c'est de lui imposer, par un ou des Etats tiers, un chef qu'elle ne s'est pas choisi librement.
Et dans cet ordre d'idée, le pire ennemi de l'esclave, c'est « l'affranchi », l'exécuteur impitoyable de ce que son Maître ne peut et surtout ne veut accomplir de ses propres mains.
 
Jean-Claude Mayima-Mbemba
Auteur, Secrétaire Général de l’Organisation
Africa Human Voice International (AHVI)




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