C’est un honorable vieillard aux jambes flageolantes. Il a aujourd’hui 97 ans et marche courbé en deux, soutenu à bout de bras par sa fille Marie Solange Akena Mfou’ou. C’est un homme complètement désorienté par le décor inhabituel qui arrive à la résidence ; il est obligé de passer au milieu d’une garde d’honneur, qui en grande tenue, sabre au clair, lui rend les honneurs.
Voici qu’il se retrouve nez à nez avec le président de la république qu’il n’a vu jusque-là qu’à la télévision. C’en était trop pour lui. Emu aux larmes, il s’écroule. Le chef de l’Etat, lui-même très ému, l’aide à se relever ; l’émotion se lit sur le visage des deux hommes ; Raphaël Mfou’ou Ebo’o doit ressentir la même émotion que le vieux Jacob a ressentie en retrouvant en Egypte son fils Joseph, devenu Premier ministre du pharaon, comme nous le relatent les Saintes écritures. Il doit certainement se demander si c’est vraiment le gamin qu’il a hébergé il y a 64 ans qui est là devant lui.
Obligé de quitter son village Mvomeka pour poursuivre ses études à l’école catholique de Nden à une soixantaine de kilomètres de là, c’est dans la maison Raphaël Mfou’ou Ebo’o que le jeune Paul Biya échoua. C’est aussi dans cette maison qu’il décrocha le premier parchemin de sa vie, le certificat d’études primaires élémentaires (CEPE) à la mission catholique de Nden où enseignait aussi Raphaël Mfou’ou Ebo’o en 1947. Son diplôme en poche, le jeune Paul Biya vola vers d’autres horizons, toujours en quête de plus de savoir. Les deux hommes n’auront plus jamais l’occasion de se retrouver, chacun suivant son itinéraire, jusqu’à la rencontre d’hier.
Commentaires
Enregistrer un commentaire