Agriculture pauvre et fragile, maladies endémiques et conflits géopolitiques et ethniques n'en finissent pas de handicaper gravement le continent noir.
L'Afrique au sud du Sahara est la partie du Tiers-Monde dont les progrès depuis la décolonisation ont été les plus faibles, et dont l'évolution est somme toute négative, puisque les effectifs de population ont continué de s'accroître rapidement : les taux de natalité restent très élevés, au regard des taux de mortalité qui ont été sensiblement réduits par les campagnes sanitaires, ce qui est tout de même un progrès.
L'Afrique subit le plus lourdement les contraintes du monde tropical, surtout parce que les productions agricoles se font principalement sur les sols beaucoup plus fertiles des vallées alluviales qui ont pu être mis en culture… En Afrique tropicale, la plupart des grandes vallées, qui pourraient de nos jours être mises en valeur avec l'aide internationale, sont encore plus ou moins désertes (Il y a donc d'immenses potentialités)…
Il faut cependant souligner que l'Afrique, en l'occurrence l'Afrique du Sud, a connu il y a douze ans un véritable miracle géopolitique de retentissement mondial. Alors que l'aggravation des contradictions géopolitiques imposées par le régime de l'apartheid paraissait conduire inéluctablement à un terrible affrontement entre les Noirs et les Blancs, la sagesse de Mandela et la clairvoyance de De Klerk ont évité de justesse la tragédie…
Cependant, toutes les difficultés ne peuvent pas être abolies par un changement de la Constitution et de graves périls internes menacent l'Afrique du Sud. Il est rare qu'un nouveau "miracle", du moins de cette envergure, se produise dans une même partie du monde. Toujours est-il que l'Afrique en a connu un et qu'elle n'a sans doute pas dit son dernier mot.
De toutes les maladies, la plus grave et la plus répandue est, dans la classification de l'organisation mondiale de la santé (OMS), dénommée pudiquement Z 59.5. Cette maladie est la pauvreté extrême: elle frappe plus d'un milliard d'êtres humains. La gravité de cette situation a conduit le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) à fixer pour objectif prioritaire l'éradication de la pauvreté, comme un impératif éthique, social, politique et économique. Il n'y a là aucune fatalité, et c'est moins la pauvreté que la désorganisation sociale et politique qui fait l'urgence de la situation.
L'Afrique sub-saharienne connaît le plus fort pourcentage de pauvre : Dix-sept pays sont en situation d'urgence alimentaire
L'Afrique est de fait le seul continent confronté à une aggravation sévère des indisponibilités alimentaires. Dans les vingt dernières années, alors que la ration calorifique moyenne dans les pays en développement a augmenté de 18%, en Afrique, elle a baissé en moyenne de 5%. Les indicateurs de l'état de santé témoignent de cette gravité : l'espérance de vie en Afrique sub-saharienne est la plus basse du monde (autour de 50 ans), les taux de mortalité infantile de ces pays y sont les plus élevés ainsi que ceux de mortalité avant 5 ans. Ces enfants mal nourris, carencés en protéines et en vitamines, sont largement exposés à ces maladies qui tuent par épidémies brutales : rougeoles, diarrhées (800.000 morts par an), bronchites (1,5 millions de morts)… Un enfant dénutri et infecté meurt vite, du manque d'eau potable, de lait, de riz, autant que de l'absence d'antibiotiques.
Mais il n'y a pas que ces maladies, que nous appelons banales, qui emportent ces enfants. Il y a aussi toutes les autres qui prolifèrent sur le terrain de la malnutrition et qui contribuent à creuser les carences nutritionnelles : le sida (2,5 millions de décès). Le paludisme (90% des cas dans le monde), fléau jamais maîtrisé… la maladie du sommeil (meurtrière et abandonnée)… Moins de 10% des crédits de recherche en santé sont consacrés aux maladies mondiales .
Le combat contre la famine en Afrique passe moins par l'apport d'aide alimentaire que par le soutien au développement de l'agriculture. Lors du Sommet mondial de l'alimentation à Rome en 1996, et à l'occasion du suivant, en juin 2002, la communauté internationale a pris l'engagement de diminuer de moitié, à l'horizon 2015, le nombre de personnes souffrant de faim et de malnutrition… Cet effort doit se traduire par une augmentation de la part allouée à l'agriculture dans les budgets nationaux des pays du Sud, et de l'assistance fournie par les pays du Nord au secteur agricole…
Selon les estimations de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (OAA) pour l'année 2000, 840 millions de personnes souffraient de faim et de malnutrition dans le monde, dont 799 millions dans les pays en développement et 41 millions dans les pays développés ou en transition. Sur ces chiffres, 200 millions vivaient en Afrique subsaharienne (soit un habitant sur trois.
Notons au passage que 400 millions d'Africains se nourrissent convenablement, soit 2 sur 3.
En Afrique subsaharienne, 40 millions de personnes sont menacées de famine. La Corne de l'Afrique et la région australe sont les plus touchées. Cette grave situation alimentaire du continent africain ne peut pas seulement s'expliquer par les conflits armés et les catastrophes naturelles. L'insuffisance de la production agricole résulte du pourcentage limité de terres irriguées (4% en Afrique contre 40% en Asie.
Faible productivité, aléas de pluviométries, insuffisance d'engrais : le remède est dans l'augmentation des budgets agricoles des pays africains, et dans une part accrue de l'aide internationale.
Les exemples récents de réussite au Burkina Faso, en Gambie, au Ghana, au Mali, ou encore au Nigéria, sont particulièrement encourageants, et montrent bien les capacités des pays de ce continent à réagir. Ils confirment, si besoin était, que la disparition des famines sur le continent africain est bien une question de volonté politique et qu'elle est à notre portée.
merci Emmanuel ,c'est une analyse tres pertinente et je suis tout a fait d'accord quand tu dis que la disparition des famines sur le continent africain est bien une question de volonte
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