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Tunisie-leçon à toute l'Afrique

L'attitude des populations tunisiennes au cours de ces derniers évènements dans leur pays, est à saluer à plusieurs égards, notamment le comportement citoyen et le choix sélectif des cibles qui ont été identifiées, et particulièrement visées par les manifestants. En cela, c'est une leçon extraordinaire de comportement et d'attitude civique à retenir dans les actions futures par les populations africaines.
La détermination du peuple tunisien n'a d'égale qu'avec le fait que, depuis 23 ans, il a été privé par un homme, de toutes les libertés fondamentales, dont tout être humain dans un Etat républicain et de droit a besoin pour s'épanouir. Malgré l'essor économique du pays, l'essentiel de la jeunesse tunisienne est privé de travail et vit dans un chômage chronique, ce qui fait d'elle, une masse de forces de travail et de main-d'oeuvre qualifiée, mais inutile pour le pays. Ce qui l'empêchait de prendre part activement au développement économique et social de la nation et de vivre à égale dignité, avec tous les citoyens tunisiens, sans distinction de liens de parenté avec le président de la République. Si l'on note que des progrès significatifs ont été faits en faveur du statut de la femme tunisienne par Ben Ali, il n'en demeure pas moins, par ailleurs, que les libertés du peuple tunisien ont été globalement confisquées et étouffées.
Le mouvement est à saluer aussi par le fait inédit qu'en dépit de l'absence de forces sociales organisées dans sa direction, aussi bien syndicales que politiques, il a pu se conduire dans l'ordre et la discipline, en sauvegardant les biens d'autrui des simples et honnêtes citoyens et ceux également appartenant à l'Etat. Le respect de cette règle qui fait la part des choses entre les biens de ceux qui ont pillé les ressources de la nation et ceux de simples citoyens ayant acquis honnêtement leurs biens, est un acte significatif de haute portée révolutionnaire et indique l'objectif essentiellement politique. Ceci le distingue nettement d'une simple manifestation de vandales où le caractère politique est totalement absent. Même s'il est vrai qu'il y a eu quelques actions de cette nature, elles sont marginales et insignifiantes. Ce qui est à noter, c'est que globalement l'objectif du mouvement était bien la fin du régime de Ben Ali et son remplacement par un régime démocratique au service du peuple tunisien tout entier, sans distinction aucune. Cette tâche majeure et d'une importance capitale incombe au prochain gouvernement de transition, mais sous l'oeil vigilant des forces démocratiques qui ont conduit à ce changement.
Cette démarche citoyenne et responsable du mouvement est rarement obtenue dans de pareils évènements. Souvent, le contrôle pour éviter le débordement d'éléments étrangers au mouvement, est assez difficile à cause des voyous et autres marginaux irresponsables qui prennent part aux manifestations avec des objectifs autres. Ces derniers, par leurs actions inciviques : vols, agressions, destruction de biens appartenant à autrui ou à l'Etat, entachent la victoire et son caractère de révolution sociale spontanée.
C'est aussi une leçon pour nous Sénégalais au regard de la spontanéité et de la composition des éléments qui ont conduit le mouvement et contraint le président Ben Ali à la fuite. Pour l'essentiel, c'est une jeunesse consciente de son rôle d'avant-garde, qui a su surmonter ses contradictions internes, qui sont superficielles d'ailleurs, par rapport à l'enjeu national et les intérêts majeurs du moment du peuple tunisien, qui était le fer de lance et le moteur.
Un autre facteur non moins important à noter, est celui de l'absence de dirigeant de premier ordre au plan national et politique, supposé figure emblématique et doté de soi-disant charisme. Ce que certains Sénégalais évoquent très souvent dans notre pays et cherchent à trouver avant toute action de grande envergure par cette interrogation : qui mettre à la place d'Untel ? Au moment où tout le monde est convaincu que celui qui occupe le poste à l'heure actuelle est minable. Et comme si les peuples ne savaient pas se choisir des dirigeants quand on leur en offre la possibilité par des élections transparentes fondées sur des institutions démocratiques, pérennes, crédibles et non sujettes à de prétendues 'lois d'interprétation'. Il est clair que par un suffrage universel s'appuyant sur un code électoral, un fichier électoral et un processus électoral consensuel et incontestable, sous la direction d'une Ceni acceptée par toutes les parties prenantes, avec un corps électoral composé de citoyens aptes et responsables, tout peuple est, dans ces conditions-là, en mesure de se doter démocratiquement d'institutions crédibles. Il peut aussi en outre, avec un tel environnement institutionnel, se choisir des dirigeants de manière démocratique périodiquement, avec la possibilité de les sanctionner à chaque fois que de besoin, soit négativement, soit positivement en toute liberté.
A l'exemple de ce qui est arrivé en Tunisie, les peuples africains devraient mettre fin à cette ère de régime de dictateurs invétérés qui arrivent au pouvoir même par la voie démocratique mais, qui décident par la suite de ne jamais plus le quitter, même s'ils sont vomis par leur peuple. Ils décident alors, malgré tout, de s'y maintenir par la force, parfois avec la complicité de l'armée et de la police de répression. Le cas de Ben Ali est un de ceux-là. Bon nombre de chefs d'Etat africain, sans le dire, sont dans ces dispositions. Parmi ceux-là, on peut citer Mouamar Kadaffi, Abdoulaye Wade, Robert Mugabe, Laurent Gbagbo, etc. Il faut l'avouer, la résignation et l'indifférence des populations africaines incitent leurs dirigeants dictateurs, à user de tous les moyens pour ne pas quitter le pouvoir par les voies légales et démocratiques. C'est le lieu de dire que les peuples ne vivent pas que de pain, ils ont aussi, autant besoin de liberté pour s'épanouir pleinement.
Il est aussi à noter comme leçon pour tous, l'absence ou l'immixtion d'une quelconque influence religieuse au sein du mouvement et au cours des manifestations, alors que, chez nous au Sénégal, certains de nos marabouts, même au plus haut niveau, sont incapables d'observer une telle attitude de neutralité. En effet, nous avons une forte impression que, depuis l'alternance, certains marabouts sénégalais ne cachent plus leur préférence ou plus exactement leur inféodation et allégeance au régime de Me Wade, en contrepartie de privilèges tout à fait illicites. Ils sont incapables ne serait-ce que par souci d'équité et d'éthique de s'abstenir, en de pareils moments, à défaut de prendre parti pour les populations meurtries, qui souffrent terriblement d'une existence misérable qui perdure. Tout ceci, du fait d'un pouvoir qui, comme en Tunisie, tourne le dos à tout ce qui importe le peuple sénégalais dans ses difficultés de survie.
Les similitudes des deux régimes et de leurs dirigeants sont si frappantes dans bien des domaines, que nous devons méditer et bien observer ce qui vient de se passer en Tunisie. On a coutume de dire que 'comparaison n'est pas raison' mais parfois si, ne serait-ce que pour un éclairage. A cet effet, les griefs qui sont soulevés en Tunisie contre Ben Ali, sont quasiment les mêmes au Sénégal contre Abdoulaye Wade, à savoir le chômage endémique et chronique de la jeunesse, l'incurie et la cupidité du pouvoir de Me Wade et son clan à s'emparer de l'essentiel des biens et ressources de la nation à leur seul profit et à celui de sa famille et ses proches parents, la privation des libertés fondamentales et une absence de démocratie qui se traduit par le tripatouillage des institutions à leur guise, afin de demeurer ad vitam ad aeternam au pouvoir, etc.
Ils partagent aussi une autre nature propre aux dictateurs, que l'on ne décèle chez eux que quand les carottes sont cuites, c'est-à-dire la lâcheté et la poltronnerie. Ben Ali en donne ici la preuve et l'illustration parfaite, en fuyant avec sa famille vers d'autres cieux après avoir semé la terreur et la désolation au sein du peuple tunisien. Toutes ces pertes en vies humaines occasionnées par sa folie à vouloir maintenir tout le peuple tunisien dans une prison à ciel ouvert, ne pèsent nullement sur sa conscience.
Le comble ! Malgré tout, il trouve encore un pays d'accueil qui ferme les yeux sur tous ces crimes commis par lui ou à son nom. Là également, c'est une autre leçon à retenir. Ce qui nous amène à nous interroger sur certains pays musulmans pour qui, les droits humains et des peuples ne semblent avoir aucun sens, car ils accueillent toujours à bras ouverts les dictateurs criminels et sanguinaires les plus patentés. L'Arabie Saoudite, le sanctuaire de l'islam, est malheureusement l'un de ces pays-là. Alors, devrait-on penser que l'islam est incompatible avec les droits de l'homme ou bien ne reconnaît-il du tout, les droits de l'homme en aucun cas ? Si tel est le cas, les dictateurs musulmans ont de beaux jours devant eux, et un pays d'exil, paradis sur terre. C'est dommage et regrettable que ce soit l'Occident qui vole au secours des musulmans victimes des atteintes des droits de l'homme, ferme ses frontières aux dictateurs déchus et gèle leurs biens volés à leur peuple.


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