ElBaradeï, co-lauréat, avec l'AIEA, du prix Nobel de la paix 2005 pour son action contre la prolifération nucléaire, devait revenir dans la journée en Egypte pour participer vendredi aux manifestations massives prévues par l'opposition à la sortie de la grande prière hebdomadaire.
"Demain auront lieu, je pense, de grandes manifestations dans toute l'Egypte, et je serai là avec les manifestants", a-t-il confié par téléphone à Reuters, en précisant qu'il n'entendait pas prendre la tête des manifestations, mais simplement participer aux changements politiques dans son pays.
Prié de dire s'il ne craignait pas d'être arrêté à son arrivée au Caire, Mohamed ElBaradeï a répondu qu'une telle initiative "rendrait les choses bien, bien pires" pour le régime égyptien en proie depuis trois jours à des manifestations de rue inédites.
Le président Hosni Moubarak "sert le pays depuis 30 ans et il est temps qu'il se retire", a ajouté ElBaradeï, qui, selon la bande défilante de la chaîne de télévision panarabe Al Arabia, s'est dit "prêt à assumer le pouvoir pendant une période transitoire si la rue le demande".
Inspirée de la révolution tunisienne qui a chassé le président Zine ben Ali le 14 janvier après 23 ans de pouvoir, la révolte populaire en cours en Egypte contre le régime du "raïs" de 82 ans est dépourvue de toute "tête" politique.
"PAS DE RETOUR EN ARRIÈRE" POSSIBLE
Bien qu'il vive à Vienne, ce que lui reprochent nombre d'Egyptiens, Mohamed ElBaradeï a tenu une série de meetings l'an dernier dans son pays pour réclamer des réformes politiques et se poser en principal adversaire de Moubarak.
Dans son interview à Reuters, il a incité les manifestants égyptiens à rester pacifiques et a averti les autorités que l'usage de la force brutale "se retournerait gravement" contre elles.
Mais il s'est dit optimiste sur l'issue de la 'révolution des pyramides': "Le peuple a surmonté la culture de la peur, et une fois qu'elle est surmontée, il n'y a pas de retour en arrière. Je crois absolument que nous allons voir le changement arriver."
Mohamed ElBaradeï n'exclut pas de se présenter à l'élection présidentielle prévue en septembre si ces changements démocratiques se concrétisent et il a conseillé à Hosni Moubarak, qui n'a pas encore fait connaître ses intentions, de "déclarer qu'il ne se représentera pas".
La Constitution égyptienne rend difficile a toute personne n'appartenant pas au Parti national démocrate (PND) de Moubarak de se présenter à un scrutin présidentiel, et a fortiori de le remporter. Dès lors, ElBaradeï souhaite une réforme de la loi fondamentale.
De telles réformes démocratiques pourraient, selon lui, se mettre en place dans une période transitoire de six mois à un an.
"Je serai là, j'espère, pour contribuer à conduire ce processus et je ferai tout ce que je peux pour soutenir les gens dans leurs revendications."
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